Dans la configuration actuelle du monde,
caractérisée par le multiculturalisme et la multiethnicité, nous estimons que la
recette pour l’harmonie et la paix est la politesse. Cette politesse que nous
voulons re-proposer aux interactions de tout niveau est celle libérée de son
lien avec l’hypocrisie, et inconditionnellement reliée à la charité, dont elle
devient une expression et une fleur. L’interaction entre cultures,
naturellement exposée aux malentendus et aux menaces de faces, requiert de part
et d’autre l’exercice du tact, de la délicatesse, de la prévenance pour ne pas
offenser et donner une bonne image de soi. Et l’interaction qui a retenu notre
attention est celle entre l’Occident (d’une part) et les autres cultures
(d’autre part). Et ce, dans deux cas spécifiques : l’accueil des autres
cultures en Occident et l’aide que l’Occident apporte aux pauvres du monde (des
autres cultures). Il s’agit donc de l’Occident dans une double interaction :
L’Occident qui reçoit et l’Occident qui va (sort) au chevet du pauvre. La
politesse s’invite de manière spéciale dans ces deux types d’interaction. Ce
sont aussi deux interactions avec une grande potentialité de menace pour les
faces. Par ailleurs, ce sont aussi deux interactions asymétriques.
En
effet, grâce à la politesse-charité, il est possible à notre humanité, forte de
ses sept milliards d’habitants, d’être une famille humaine harmonieuse. Il est
difficile que tous s’aiment, se sympathisent et s’estiment. Mais il est
possible que tous se respectent dans un jeu délicat de gestion des faces et des
territoires. La politesse court plus vite et arrive avant la charité, et
parfois elle arrive là où la charité ne peut arriver. Chaque face a d’abord
besoin d’être valorisée, respectée, reconnue, considérée, avant même d’être
aimée. En outre, puisque chacun vit sous le regard observateur de l’autre, chaque
personne a donc besoin de soigner et d’honorer sa propre image publique,
c’est-à-dire sa face. A un autre niveau, on parlerait de la dignité. Il
convient de préciser dès l’entrée des jeux que le discours sur la politesse
s’articule autour des concepts de face et de territoire.